[couloir de la cité universitaire de l‘université du comté, 9h00]
BANG BANG BANG
La porte en mauvais contreplaqué tremble sous les puissants coup de poing.
« Hey, Birdy, qu’est ce que tu fiches mon grand? On va être à la bourre au premier cour, bouges toi!! »
Mais aucune réponse ne traverse la porte. La seul chose audible est une chanson diffusée par une radio.
« Mais qu’est ce que tu fabriques encore? Bon, ok, fais ce que tu veux, moi j’y vais. T’es vraiment lourd mon pote. »
De l’autre côté, dans la chambre plongée dans l’obscurité, le jeune homme lâche sa tête qu’il tenait entre ses mains et regarde la porte avec appréhension. Mais apparemment, l’autre a vraiment abandonné, le bruit de ses pas s’éloigne dans le couloir. Kris soupire de soulagement et se relève.
Toi aussi t’es « lourd » dans ton genre.
Il jette un œil à la vieille moquette crasseuse à ses pieds où gisent les restes de ce qui avait du être une chemise et un t-shirt un jour.
Bon, c’est pas tout ça…mais j’ai comme un souci.
Il se dirige vers la salle de bain et lutte pour passer la porte, ses ailes étant beaucoup trop encombrantes pour le peu de surface disponible. Et oui, ses ailes. Une très longue paire d’ailes immaculées qui jaillissent de son dos étroit au niveau des omoplates. Il les regarde dans le miroir.
Rien à faire aujourd’hui hein?
Il repousse une mèche de cheveux qui le gêne et se concentre. Lentement, ses ailes se replient et se rétractent jusqu’à ne plus dépasser de son dos.
Cette fois ça devrait…
Mais dans une grande envolée de plume blanche, les grands appendices reprennent de l’ampleur. Kris plaque sa main sur son front.
Pff…
Il tourne la tête vers la radio, dangereusement en équilibre sur le bord de la fenêtre, l’oreille soudainement attirée par la voix du speaker.
« Le laboratoire de recherche contre les mutations à annoncer hier dans la soirée avoir fait des progrès colossaux quant à la lutte contre… »
Il reporte son attention sur son propre reflet. Il le pointe du doigt.
La situation s’aggrave de jour en jour on dirait. Tu vas devoir enfin te décider à faire quelque chose mon petit Birdy.
Il retourne dans sa chambre et fouille un peu partout jusqu’à trouver sa ceinture. Une fois encore, il rétracte ces encombrantes choses emplumées, qui pour l’instant ne font guère plus que lui pourrir la vie, et les attache avec la ceinture qu’il boucle sur son torse. Il attend un moment, vaguement inquiet.
Bon, ça à l’air de tenir cette fois…c’est vraiment pas confortable mais ça tient.
Il récupère de quoi s’habiller dans la pile de linge entreposée près du lit.
Attention là derrière, je mets un PULL!
Le jeune homme termine de s’habiller à la hâte et ramasse ses affaires éparpillées sur son bureau. Il ferme son ordinateur portable, son seul véritable objet de valeur et le glisse dans son sac. Son regard tombe alors sur une feuille de papier couverte de son écriture qui apparemment se trouvait sous l’ordi. Il la regarde attentivement, comme si quelque chose allait se produire.
Mais rien ne bouge. Kris fronce les sourcils et repose le bout de papier là où elle se trouvait juste avant.
Attendons encore un peu. Il me faut plus d’info et puis pour le moment c’est encore ger…aaaaah!
La boucle de métal de la ceinture s’enfonce profondément dans sa peau, sous la pression de ses ailes qui cherchent à reprendre leur position normale. Le mutant reprend difficilement son souffle, lourdement appuyé sur le bord de son bureau. Ses yeux n’ont pas quitté le mystérieux morceau de papier. Il soupire, le glisse dans sa poche et s’empresse de rajouter une ou deux choses dans son sac.
Il jette un dernier regard circulaire à la pièce exiguë qui servait depuis plusieurs mois l’antre de « Birdy l’extra terrestre ».
Bon, c’est parti.
Kris glisse sa longue carcasse en dehors de sa chambre et se précipite vers la sortie du bâtiment puis de l’université, à la recherche d’un moyen de transport.
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